Eros

2016

Localité

Seraing

Type

Construction et aménagement paysager

Performance

Auteur de projet composé de l’association momentanée

JAA sprl pour l'architecture
EOLE sprl pour l'architecture paysagère
DETANG S.A. pour les techniques spéciales
MATRICHE sprl pour la stabilité
A-M WAGNER pour la coordination sécurité santé

Projet arrêté après obtention permis d'urbanisme

L’environnement de la parcelle est rude.

Le bout de la ville, la masse de l’usine fermée par le long mur, la voie de chemin de fer en contre-haut, un entrelacs de conduites aériennes et des ‘ vides encombrés’.

Seules les masses de la végétation vagabonde qui s’est approprié les tracés techniques et les résidus de parcelles font front.

Et c’est bien le paradoxe de notre proposition, faire front face au poids de l’environnement et arriver à nicher un monde à part, sans ostentation, mais avec finesse.  Subtil, le bâtiment se joue de trois mondes, celui du monde extérieur vers un monde ‘caché’ et celui d’un monde ‘secret’ vers le monde extérieur mais aussi envers lui-même.

Les aménagements extérieurs, simples, à la lecture claire, s’articulent de la même manière.

Le bâtiment, dont l’enveloppe intrigante se dégage du trottoir élargi, est calmement posé sur sa parcelle. Côté rue de Marnix une rampe ou une large volée d’escalier conduisent à l’entrée du bâtiment surélevé.

Le plan incliné du tapis vert de pelouse répond au plan incliné de l’implantation du bâtiment. Signal du vivant dans le ciel de la ville industrielle, la masse verte des frondaisons des peupliers étire les formes de l’enveloppe blanche et répond comme un bloc vivant et mobil à l’échelle des infrastructures voisines.

Un léger mur, fil étiré du bâtiment guide un chemin d’accès incliné depuis le trottoir et efface de la vue du passant le parking arrière dont le plan légèrement en pente répond en miroir à l’inclinaison du tapis vert du front de rue. Une bande mixte d’arbustes et de petits arbres entoure la parcelle et assure la jonction avec les couloirs écologiques spontanés voisins.

Le parking est en surface gravillonnée, perméable et infiltrante.  Les infrastructures techniques sont volontairement limitées. 82 places dont 3 places  PMR sont prévues.

Passé le seuil du mur, puis de la coursive du bâtiment, le visiteur n’aura jamais de contact visuel avec le patio intérieur.

Ce jardin est réservé. C’est celui de l’autre monde réservé aux locataires, le monde secret, séparé par l’interface des alcôves ‘monde caché’. Il est dessiné comme une bulle d’espace à s’approprier. Le jour, la nuit, physiquement comme mentalement.  Il est simple mais généreux, aussi frêle et lumineux que peut-être massif le monde réel.

Son expression franche détermine l’impact de l’ambiance :

La continuité avec le bâtiment : le revêtement continu clair en béton lavé assure la jonction de plain-pied avec la cafétéria et avec la base de la façade intérieure. La cafétéria se poursuit à l’extérieur avec le revêtement en béton lavé, de plain-pied jusqu’au début du noyau de jardin.

Un clin d’œil aux terrils industriels voisins: le paillage du jardin est réalisé en petits copeaux d’ardoise dont la teinte sombre, changeante en fonction de l’humidité,  contraste avec les verts et les jaunes des cannes et des chaumes des bambous.

Jardin mouvant et pourtant calme, feuillage fin et lumineux, pluie dorée sur un tapis de copeaux noirs et luisants ; identité forte et appropriation mentale, telles sont les caractéristiques du jardin secret proposé aux locataires.

Le bâtiment se glisse dans et autour du végétal. Constitué par un long mur qui voile et dévoile en fonction de la nécessité, il tire un rideau léger et translucide sur les mystères de la maison.

« L’érotisme c’est lorsque le vêtement baille » nous dit Roland Barthes.

L’esthétique du bâtiment évoque subtilement ce phénomène affectif des sens, cette excitation émotionnelle et sensuelle.

Rédaction: Anne Marie Sauvat (Eole sprl)